Lors d’une conférence de presse, cinq ONG internationales présentes au Luxembourg : CARE, Caritas, la Croix Rouge luxembourgeoise, Handicap International et Médecins Sans Frontières ont appelé toutes les parties du conflit à cesser les violations systématiques du droit international humanitaire et ont demandé à la communauté internationale de les condamner fermement tout en s’engageant à y mettre fin.
Depuis 6 ans, le conflit syrien ne cesse de s’intensifier faisant de la population civile les premières victimes d’un conflit marqué par des attaques indiscriminées et d’une rare intensité. Les ONG luxembourgeoises sont unanimes : il s’agit de l’une des crises humanitaires des plus dévastatrices pour les populations civiles mais aussi des plus complexes et volatiles au monde.
Tour à tour, les représentants de CARE, Handicap International, Médecins Sans Frontières, Caritas et de la Croix Rouge luxembourgeoise ont respectivement pris la parole pour expliquer les difficultés d’accès aux victimes pour les acteurs humanitaires, l’intensité de la violence, l’impact de cette violence sur l’apport de soins médicaux, le déplacement des populations causées par les violences et le non-respect du Droit International Humanitaire et ses conséquences.
« Nous constatons qu’aujourd’hui 4,9 millions de personnes sont coupées de l’aide apporté par les organisations humanitaires locales et internationales à cause des combats, des blocages et de la situation sécuritaire. 650 000 d’entre eux vivent dans des zones assiégées, dont 300 000 enfants. Seulement 10 % des convois d’aide humanitaire de l’ONU parviennent à accéder à ces populations », explique Frédéric Haupert, Directeur de CARE Luxembourg.
« Entre septembre et décembre 2016, une moyenne de 94 attaques par jour impliquant des armes explosives a été enregistrée, soit un bombardement toutes les 15 minutes ! En 2016, l’utilisation d’armes explosives en zones peuplées était responsable de 83% des victimes civiles» s’exclame Martin Lagneau, Directeur de Handicap International. Aucune issue positive de ce conflit syrien ne semble se dessiner actuellement.
L’intensité des attaques contre les humanitaires a demandé aux ONG de repenser leur travail pour protéger au maximum les acteurs humanitaires internationaux mais surtout locaux comme l’explique Paul Delanois, Directeur de MSF Luxembourg : « au fur et à mesure de l’intensification et de la radicalisation du conflit qui cible directement les acteurs médicaux et les infrastructures hospitalières et vise à les éradiquer, une nouvelle approche de soutien indirecte a été nécessaire. Cette approche consiste principalement à envoyer des médicaments et de l’équipement médical, à mettre en place une assistance à distance et à offrir des conseils de spécialistes via différentes plateformes de télécommunication ».
« Des rescapés toujours plus nombreux arrivent dans les camps de déplacés proches de la frontière turque », souligne le docteur Michael Feit, responsable de la Coopération Internationale auprès de Caritas Luxembourg. « Ils ont besoin de tout : nourriture, kérosène, vêtements, etc., et avant tout, ils ont besoin de sécurité pour que la distribution de l’aide puisse se faire». 5 millions de personnes sont réfugiées en dehors des frontières mais ce sont 6,3 millions de personnes supplémentaires qui sont déplacées à l’intérieur même du pays.
Christian Huvelle, Directeur de la Croix Rouge luxembourgeoise, a évoqué les cinq grands principes du Droit International Humanitaire (DIH) avant de rappeler que son objectif principal est de protéger « toutes les parties qui ne participent pas ou plus aux combats ». Les violations du DIH en Syrie sont incontestables et la communauté internationale doit réagir rapidement pour permettre aux acteurs humanitaires d’apporter une aide aux civils qui manquent de tout : eau, nourriture, assistance médicale…
« Il est de la responsabilité de la communauté internationale de rappeler le Droit international humanitaire et d’assurer que des infractions ne restent pas impunies. Par contre, il est de notre responsabilité en tant qu’organisation humanitaire, de rester neutre, d’aider tous ceux qui ont besoin de notre aide, sans exception, d’assurer le plus possible la sécurité de nos partenaires et collègues locaux. Jusqu’à ce jour, CARE pouvait atteindre 1,6 millions de personnes en Syrie et nous continuerons ! », Frédéric Haupert, Directeur de CARE Luxembourg.
Vous trouverez le communiqué de Presse ici.