Les rapports des interventions humanitaires sur le terrain indiquent que les populations ont déjà commencé à fuir et que certains services essentiels ont été interrompus, notamment des centres de santé et des systèmes d'approvisionnement en eau. Certains travailleurs humanitaires ont dû fuir avec leur famille, tandis que d'autres sont bloqués dans la région.
Environ 450 000 personnes vivent à moins de 5 km de la frontière entre la Syrie et la Turquie et sont menacées si toutes les parties au conflit ne garantissent pas la protection des civils. Cette région compte déjà plus de 90 000 personnes déplacées qui ont été forcées de quitter leur domicile au moins une fois au cours du conflit en Syrie qui dure depuis huit ans maintenant. Au moins 1 650 000 personnes ont besoin d'aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie, selon OCHA, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies. Or, avec la crise en cours à Idlib et les énormes besoins dans l'ensemble du pays, cette aide humanitaire, pourtant vitale pour la population, est aujourd'hui gravement menacée.
Les 15 organisations humanitaires demandent instamment aux parties au conflit de respecter pleinement le droit international humanitaire et de s'abstenir d'utiliser des armes explosives dans les zones civiles. Elles doivent veiller à ce que toute mesure soit prise pour protéger les civils et faciliter un accès humanitaire sûr et sans entrave. Les personnes vivant dans la zone affectée par cette action militaire ont le droit de circuler librement et ne doivent pas être déplacées de force de leurs foyers. De même, il ne doit y avoir aucun retour forcé de réfugiés syriens vivant en Turquie en Syrie. D'autant plus que environ 83% des trois millions de Syriens qui sont aujourd'hui en Turquie ne sont pas originaires du nord-est selon le gouvernement turc. Toute personne renvoyée pourrait voir sa sécurité et son intégrité physique mise en danger, pourrait faire face à des nouveaux déplacements internes forcés et nécessiter une aide humanitaire que la communauté internationale n'est pas en mesure de fournir.
La communauté internationale a un rôle important à jouer pour résoudre cette crise. Le Conseil de sécurité des Nations unies, qui devrait débattre de la situation aujourd'hui, doit insister sur la nécessité de faire preuve de retenue et rappeler l'importance de protéger les civils et de faciliter l'accès sans restriction des opérations humanitaires. La situation sécuritaire est déjà fragile dans la région, avec des dizaines de milliers de combattants et leurs familles détenues dans des camps et des centres de détention. Tous les enfants doivent être protégés et doivent avoir accès à l'aide humanitaire nécessaire. Par ailleurs les pays d'origine doivent prendre des mesures immédiates pour accueillir les quelques 9 000 enfants de près de 40 nationalités différentes qui se trouvent dans le nord-est de la Syrie. Une action urgente est nécessaire avant que la situation humanitaire dans le nord-est de la Syrie ne se détériore davantage, avec des conséquences terribles pour les familles et les enfants de nouveau pris au piège d'une violence meurtrière.
Action Contre la Faim, Christian Aid, CARE International, DanChurchAid, Diakonie Katastrophenhilfe, Humanity & Inclusion, International Rescue Committee, Médecins du Monde, Mercy Corps, Norwegian Refugee Council, Oxfam, People in Need, Terre Des Hommes Italy, Un Ponte Per, World Vision