- Près de 65 fois plus de couverture médiatique pour la réunion du groupe Oasis que pour la crise humanitaire en Angola
- 1 enfant sur 5 vivait dans une zone de conflit ou en a fui une en 2024
- Les dix crises oubliées ont eu lieu en Afrique, une fois de plus
- 305 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire en 2025
- Au Luxembourg des jeunes « Correspondants Humanitaires » brisent le silence
Luxembourg, 15 janvier 2025.
Oasis, le groupe de musique pop des années 1990, s’est réuni pour lancer sa tournée 2024. 125 689 articles ont rapporté l’information en ligne. Pendant ce temps, l’Angola traversait sa pire sécheresse en 40 ans, aggravant l’insécurité alimentaire de 2,2 millions de personnes. Total des articles publiés en ligne : 1956.
Taylor Swift a créé l’effervescence sur la toile en embrassant son compagnon au Super Bowl 2024. L’information a été diffusée dans 122 141 articles. A plusieurs milliers de kilomètres de là, la République Centrafricaine faisait face au conflit qui a plongé 2,8 millions de ses habitants dans un besoin d’aide humanitaire cruciale. Seulement 4 012 articles ont été publiés à ce sujet.
L’organisation humanitaire CARE publie pour la 9ème fois son rapport « CARE Crisis Report » qui met en lumière les dix crises humanitaires les moins représentées dans les médias. Ce rapport a pour but d’informer et d’émettre des propositions pour remédier à cet oubli régulier.
"Environ 35 millions de personnes - soit près de quatre fois la population de l'Autriche - sont affectées par ces crises. Mais les chiffres seuls ne peuvent capturer l'étendue de la souffrance humaine," déclare Frédéric Haupert, directeur de CARE Luxembourg, "Dans ces désastres silencieux, les communautés mènent leur propre combat pour la survie chaque jour, souvent dirigées par des femmes mais sans accès suffisant à l'aide humanitaire ou au soutien international. De plus, les régions touchées manquent souvent de la stabilité nécessaire pour relever ces défis. Avec notre rapport, nous voulons encourager les gens à regarder de plus près - car chaque personne dans le besoin mérite solidarité et aide concrète.”
Les dix crises oubliées du rapport se situent toutes en Afrique, une fois de plus. Six crises humanitaires du classement de cette année figuraient déjà dans le rapport 2023. Les causes principales à l'origine de crises humanitaires sont les conflits, les catastrophes climatiques, les facteurs économiques, les épidémies et l'insécurité alimentaire.
Le dérèglement climatique aggrave de façon considérable ces crises humanitaires. Sécheresses, inondations et cyclones entraînent des conséquences dévastatrices sur les communautés. Les infrastructures sont détruites, des terres agricoles deviennent impraticables, ou des points d’eau sont asséchés. Les ressources naturelles se raréfient et provoquent des déplacements de population qui mènent à leur tour à de l’insécurité sociale, économique et alimentaire.
En première ligne de ces conflits, les femmes et les jeunes filles subissent des discriminations dues à des normes sociales contraignantes et des dynamiques de pouvoir injustes. Il a été démontré que la famine et les conflits dans une région font augmenter les violences sexistes et sexuelles envers les femmes.
Selon le rapport de CARE, les dix crises humanitaires les moins médiatisées en 2024 sont :
Lire le rapport (ENG) ici
L’équipe de CARE a émis ses propres recommandations pour remédier à ce manque de couverture médiatique. Parmi celles-ci, on retrouve l’accès libre à l’information, le soutien financier et politique aux reporters ou bien le journalisme constructif, un terme qui désigne les reportages mettant en avant des histoires de résiliences, d'adaptation et d'innovation.
L’attention médiatique, notamment par le biais du journalisme constructif, permet de provoquer des conversations à une échelle globale. La coopération internationale ne peut débuter que si celle-ci accède à l’information. Donner une plateforme aux acteurs locaux est donc crucial afin de faciliter la collaboration, l’écoute et l’identification des besoins humanitaires spécifiques de chaque communauté affectée.
Méthodologie :
Pour le rapport CARE Crisis, le service international de surveillance des médias Meltwater a analysé 5,6 millions d'articles en ligne en arabe, allemand, anglais, français et espagnol entre le 1er janvier et le 30 septembre 2024. Parmi une liste de 43 crises humanitaires affectant au moins un million de personnes, dix crises ont été identifiées comme ayant reçu le moins d'attention médiatique. Le rapport est publié pour la neuvième fois cette année.
Depuis 4 ans déjà, CARE Luxembourg s'engage avec plusieurs classes par an pour renforcer la compréhension et la visibilité des crises humanitaires. Dans le cadre du projet "Correspondants Humanitaires", soutenu par la Fondation André Losch, les élèves travaillent avec des experts de CARE pour comprendre les raisons et la complexité des crises et les faire connaître à un plus large public par des articles, des podcasts ou des films. Ils interviewent des collaborateurs humanitaires des organisations luxembourgeoises et internationales afin de développer une compréhension de la situation. (www.correspondants-humanitaires.lu)