Les femmes et les filles souffrent le plus lors de conflits et catastrophes. Mais trop souvent elles sont publiquement présentées comme des victimes, et ainsi comme des bénéficiaires passives de l’aide humanitaire.
Les faits montrent pourtant une toute autre image : les femmes et les filles sont celles qui, au moment de la crise, deviennent actives et apportent leur aide. Elles veillent à ce que leurs familles survivent. Elles aident leurs communautés à réagie et à faire face à la situation. Et elles se situent au premier plan lors d’interventions humanitaires – elles distribuent des biens de première nécessité, dirigent des équipes de bénévoles et soutiennent la logistique.
Nous vous racontons des histoires trop rarement écoutées.
« Des observateurs extérieurs pensent souvent, que tout le monde à les mêmes besoins : manger, boire et un toit sur la tête. Cependant, les besoins des personnes touchées vont souvent bien au-delà dans les situations de crises. Il est de mon devoir de garantir que nous offrons l’aide dont les personnes ont le plus besoin. À l’Est du Niger, CARE soutient des réfugiés du Nigéria. Ces personnes nous racontent que là-bas les agressions sexuelles ne sont pas suffisamment réprimandées et que les viols et la prostitution ne cesse d’augmenter. Et les jeunes hommes ont du mal à se réintégrer dans la société, après un certain temps passé à l’armée. »
« J’ai moi-même souffert de la guerre civile du Soudan du Sud qui a duré plus de 25 ans et je sais ce que les femmes et filles traversent dans les régions en crise. Tous les jours je m’engage afin qu’elles n’aient pas à vivre la même chose que moi. Aussi dans l’aide humanitaire, l’opinion des femmes comptait moins que celle des hommes. De ce côté nous avons beaucoup pu changer les choses ces dernières années. Maintenant nous devons continuer notre engagement pour permettre aux femmes et filles dans les régions en crise de connaître leurs droits. Le combat pour l’égalité des droits va durer des années mais nous n’avons pas le droit d’abandonner et devons inlassablement élever nos voix, jusqu’à ce que nous soyons entendus. C’est mon message aux femmes et filles qui s’intéressent à l’aide humanitaire. »
« Je me souviens encore parfaitement de la souffrance dans le regard des femmes et filles que j’ai croisés lors de ma fuite et mon arrivée au camp de réfugié. Elles ont été violées devant nos yeux. Les hommes leur disaient qu’elles n’auraient pas accès à l’aide humanitaire si elles ne se laissaient pas faire. Les humanitaires n’en savaient rien. Aujourd’hui, je dirige l’équipe de direction du camp de réfugié. Nous encourageons les femmes à échanger entre-elles leurs expériences et nous engageons que les besoins des femmes soient pris en compte lors de la coordination de l’aide humanitaire. Assurons-nous tous ensemble, que nos filles n’aient pas à subir la même chose que leurs mères : viols, violences physiques et bien d’autres trucs tragiques. »
« Vivre au Yémen dans les années 2000 en tant que jeune femme ambitionnée, est un grand défi. Certaines d’entre nous ont bénéficié de grandes études et font une réelle carrière, mais la plupart n’ont pas cette chance. Et au travail, les femmes doivent constamment s’affirmer face à leurs collègues masculins. Chez CARE, j’ai pu vivre une autre expérience : j’ai une vraie place au sein de l’équipe et y contribue autant que quiconque. Toutes les femmes et filles devraient pouvoir parler ainsi de leur métier. Elles ne doivent pas cesser de croire en elles et d’écouter leur petite voix intérieure qui leur ordonne de continuer. Peu importe la chute, l’important est de se relever. »
« Les femmes et filles sont les plus touchées par la crise syrienne. De nombreuses femmes travaillent très dures pour soutenir leurs familles. De ce fait, les équilibres de pouvoir et les rôles du genre se sont modifiés au sein des familles et les femmes sont de plus en plus victimes de violences physiques et sexuelles à la maison en plus des harcèlements sexuels au travail. Aussi, de plus en plus de filles sont mariés lorsqu’elles ne sont encore que des enfants et de moins en moins de filles syriennes vont à l’école en Turquie car elles ne s’y sentent pas en sécurité. Dans mon travail, je dois régulièrement faire face à des préjugés concernant le travail des femmes. Chez CARE, nous nous engageons à ce que les femmes participent à la vie sociale et se font un réseau. Les femmes sont une partie importante de la population syrienne. Nous sommes suffisamment fortes et puissantes pour redonner de l’espoir à notre peuple. »