Sénégal : le pays est submergé par les crises

 

Aïssatou Ndoy et Jil Schmit de la classe 2CA1 du Lycée Michel Rodange se sont penchées sur l’impact du changement climatique sur la vie des Sénégalais. Grâce aux témoignages de locaux, elles nous racontent comment cette crise va changer durablement le quotidien des habitants.

 

« On est submergé de partout », dit Alassane Mbengue, Sénégalais qui vit dans le village de Bargny. « Aussi bien à cause de la sécheresse et du manque de pluie que de l’exode rural. » Les catastrophes se multiplient pour les 18 millions d’habitants.

 

Depuis le début de la décennie en cours, le continent africain a enregistré plus de 622 catastrophes naturelles. Le Sénégal, bordé à l’Ouest par l’Océan Pacifique, doit alterner entre la saison sèche et la saison des pluies, ce qui engendre des périodes de sécheresse ou d’inondations en raison de son climat tropical. Cette alternance fragilise déjà les conditions de vie de la population sénégalaise et cela est décuplé ces dernières années par le changement climatique qui impacte négativement l’économie nationale.

 

Le changement climatique est en effet ce qui rend la situation du Sénégal encore plus compliquée qu’elle ne l‘est déjà. Ses effets les plus néfastes sont l’engendrement de divers phénomènes telles que la sécheresse, la baisse de pluviométrie, l’érosion côtière, la désertification, la perte de terres arables et de pâturages ou même la réduction de la disponibilité de l’eau. Tout cela impacte et menace différents aspects du pays, à savoir : ses ressources en eau, son économie, son tourisme et les conditions de sa population.

 

La saison des pluies est particulièrement compliquée pour les Sénégalais. Même si à cause du réchauffement climatique, les pluies sont de plus courte durée, il n’empêche qu’elles sont plus intenses et génèrent des problèmes d’inondations, fréquentes dans les zones urbaines des régions de l’ouest et du centre. Celles-ci peuvent poser des problèmes de circulation dans certaines régions du pays, mais également engendrer d’énormes pertes pour les habitants touchés : telles que leurs maisons, leurs revenus et leurs récoltes.

 

En addition à cela, les 700 kilomètres de côtes du pays sont particulièrement menacés par l’érosion côtière, accentuée par le réchauffement climatique et la multiplication des tempêtes et des cyclones. „Le réchauffement climatique nous a fait constater l’avancée de la mer qui endommage les habitations littorales. “, dit Alassane Mbengue. Les dégâts matériels, similaires à des effondrements, provoquent des pertes humaines et des pertes d’infrastructures, en plus de rendre la pêche plus laborieuse pour les pêcheurs sénégalais.

 

Cependant les inondations ne sont malheureusement pas le seul élément qui amène à l’insécurité alimentaire de la population. La famine est également un mal touchant l’Afrique de l’Ouest et Centrale depuis le 18e siècle (notamment avec la famine de 1738 à 1756 ou la famine causée par la sécheresse de 2012 au Sahel). En 2024, l’analyse de la sécurité alimentaire du Cadre Harmonisé par le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), près de 55 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et Centrale auront du mal à se nourrir au cours de juin à août 2024. D’après l‘Unicef, parmi ces 55 millions de personnes, 16,7 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë et 8 enfants sur 10 âges de 6 à 23 mois ne consomment pas le nombre d’aliments requis pour une croissance optimale.

 

Avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires due à la dépréciation de la monnaie, et la dépendance du Sénégal (ainsi que d’autres pays) aux importations, rendent critique l’accès à des ressources alimentaires pour des millions d’individus. Le réchauffement climatique affecte grandement le Sénégal, qui se retrouve exposé à la crise économique tous les jours. Entre ce climat désastreux, les inondations, la perte des terres et la famine, la croissance économique du pays s’affaiblit et la population subit une grave détérioration de sa qualité de vie. « On espère que le gouvernement sénégalais saura trouver des mesures capables de nous faire survivre à travers ce changement de climat toujours plus chaud. On a des craintes et beaucoup d’entre nous finissent par fuir le pays en direction de l’Europe, par peur ou désespoir » conclut Alassane Mbengue.

 

 

Aïssatou Ndoy et Jil Schmit, mai 2024, Lycée Michel Rodange, 2CA1

Mars 2024


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